Créer une perte de repères, c’est la mission que s’est fixé le développeur Oliver Garcia-Borg avec Iridescent Configuration, croisement ingénieux entre le courant futuriste, Kandinsky et des expériences de jeu à la Rez.
Sans doute vous-êtes vous un jour déjà retrouvé à regarder fixement les images tourbillonnantes d’un visualiseur de musique – disons les variations rythmiques d’un Windows Media Player. Moment de lâcher-prise un peu honteux, où le regard se retrouve happé dans un espace intangible tiraillé entre infini et néant. Désireux peut-être à la fois d’enrayer cette emprise hypnotique et d’en cristalliser la magie, le créateur Oliver Garcia-Borg a imaginé Iridescent Configuration, titre où le joueur est amené à prendre le contrôle de ces oscillations psychédéliques. Le résultat sonne comme une virée bigarrée quelque part entre Rez, Kandinsky et les toiles futuristes d’Umberto Boccioni.
Dans cet espace tantôt composé de courbes ondoyantes multicolores, tantôt de formes géométriques instables, ce n’est pas la musique qui implique le mouvement. C’est le joueur qui fait office de DJ et mixe à sa guise volutes et autres spirales bariolées. Neuf visualisations distinctes sont accessibles, avec lesquelles il est possible d’interagir en manipulant le rythme, la rotation, l’angle ou encore le débit, le tout à l’aide du duo clavier-souris. Parmi les tableaux les plus impressionnants : un orbe d’où jaillissent des cubes, ou un big bang ultra-contemporain s’apparentant parfois aux sensations procurées par un Beautiful Katamari. Autant de pérégrinations propices à l’abandon de soi.
Pour dépeindre ces échappées insolites, Oliver Garcia-Borg évoque une série d’expériences étonnantes faite de mouvements, d’interactions, de couleurs, de formes et de non-sens. Un monde conçu pour donner une autre idée de l’agencement, que Boccioni aurait rapproché du fameux tourbillon des émotions, qu’il voyait comme la composante séminale de l’art. Si le jeu n’est certainement pas une révolution, sa concision et son côté degré zéro du jeu vidéo en font une jolie étrangeté, à laquelle il serait dommage de ne pas succomber.
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